L'église de Pouxeux
Les origines
L’église de Pouxeux remplace une ancienne chapelle que l’on fait remonter au septième siècle et qui était déjà dédiée à Saint Gorgon et Saint Nabord. Cette ancienne chapelle, située dans le quarier de l’âtre à l’emplacement de la boulangerie, était devenue insuffisante pour contenir tous les paroissiens en raison de l’accroissement de la population.
Le projet de construction
En 1757, à la suite d’une visite de l’évêque de Toul, un projet d’agrandissement ou de reconstruction est établi. Une période de 25 ans fut nécessaire pour conclure un accord au sujet de l’emplacement et du financement de l’église. Le choeur, qui était à la charge du curé, est financé en partie par le curé d’Eloyes et par les paroissiens de Pouxeux qui n’a alors qu’un vicaire. La nef, elle, est construite aux frais du chapitre des abbesses de Remiremont. La tour, l’ameublement et la décoration sont à la charge des communautés de Pouxeux et de Jarménil. Comme on voit, les montages financiers complexes ne datent pas d’aujourd’hui… Il est vrai que les finances engagées étaient considérables, raison pour laquelle quelques aménagements ne se firent que bien après la construction.
Le 16 septembre 1782 la première pierre de l’église de Pouxeux est bénie et posée sous l’arc du choeur côté Epitre (côté droit de l’église, vu par l’assistance).
La construction
Le 25 juillet 1791, la construction est terminée et l’église est "inaugurée" par Monseigneur Maudru, "évêque constitutionnel" (c’est l’époque révolutionnaire…) qui bénit l’édifice et le consacre à sa fonction.
La tribune est posé en 1862, l’orgue est acheté et posé en 1870. Les vitraux sont posés progressivement, souvent grâce à des donations, entre 1852 et 1898.
Les vitraux de l’église de Pouxeux
L’église de Pouxeux est l’édifice paroissial le plus riche en vitraux, et ces derniers sont de très belle valeur.
Cliquez sur les images des vitraux pour les agrandir
Vitrail de Saint Gorgon, patron de Pouxeux et Jarménil
Le vitrail central au fond du choeur, derrière la croix, est dédié à Saint Gorgon, patron de Pouxeux et Jarménil, mort en martyre en 303.
On y voit Saint Gorgon habillé à la romaine. Il tient dans sa main gauche une croix par laquelle il proclame sa foi. Dans sa main droite, la palme qui est le symbole des martyres, de ceux qui sont morts plutôt que de renier leur foi.
Gorgon naquit à Nicomédie (à l’époque, royaume de Bythinie, actuellement Izmit, proche d’Istambul - Turquie) vers l’an 270. Il devint officier intendant général des offices du palais et de la chambre de l’empereur. Sa foi chrétienne et sa dévotion à Jésus Christ, dont il ne manquait pas de répandre la bonne parole dans la demeure impériale, lui attirèrent les foudres de l’empereur Dioclétien qui ne pouvait se résoudre à voir un officier de sa garde renier les dieux et le culte officiels. Aussi chercha t-il à le corrompre en lui offrant des honneurs plus importants et un haut grade dans la milice s’il se conformait à l’ancien culte : adorer les statues de ces propres dieux. Saint Gorgon refusa d’abandonner sa foi et Dioclétien convoqua alors les bourreaux du palais avec leurs instruments de tortures. Saint Gorgon fut suspendu à un chevalet, frappé, ils lui arrachèrent la peau avec des ongles de fer puis versèrent sur ses plaies du vinaigre mélangé à du sel. La constance de Saint Gorgon malgré ces terribles tourments mit en rage Dioclécien et il ordonna aux bourreaux de le placer sur un gril au-dessus de charbons ardents pour le torturer davantage jusqu’à ce que mort s’en suive.
Saint Gorgon fut mis à mort en même temps que Saint Théodore à Nicomédie en 303. Plus tard, on inhuma le corps de Saint Gorgon à Rome sur la voie Latine et de là on le transféra dans la basilique Saint Pierre.
Saint Gorgon est le Patron de Pouxeux-Jarménil. Sa fête est le 9 septembre au calendrier des saints (voir le site http://nominis.cef.fr/) . Selon la tradition, il est spécialement invoqué pour la paralysie, les rhumatismes et toutes les maladies des membres inférieurs.
On notera que Gorgon (saint patron de Pouxeux) est contemporain de Maurice (saint patron d’Arches et Epinal). Tous deux, et bien d’autres, sont morts pour leur foi dans les années 300 sous le règne de Dioclétien.
Vitrail de la Sainte Famille
Ce vitrail évoque la Sainte famille : à gauche, Joseph père nourricier de Jésus, avec ses outils de charpentier.
A droite, Marie, mère de notre Seigneur Jésus. Elle tient la quenouille de la fileuse : c’était l’ouvrage habituel des dames de jadis.
Jésus enfant lit un parchemin posé sur les genoux de Marie ; on imagine sans peine qu’il s’agit des Saintes Écritures : le seul récit de l’enfance de Jésus relate l’épisode où il resta longtemps auprès des "docteurs de la Loi" dans le temple de Jérusalem, tandis que ses parents le cherchaient partout !
Noter les symboles habituels sur les têtes : des auréoles simples, sans rayon, pour les personnes saintes (Joseph et Marie) ; et l’auréole à trois rayons qui est la marque distinctive de Jésus dans l’iconographie traditionnelle.
Vitrail des trois Saints
Saint Augustin, sa mère sainte Monique et l’évêque saint Ambroise
Les trois noms sont dans le médaillon bleu.
Le vitrail évoque la conversion d’Augustin d’Hippone. Ce dernier, né en Afrique du nord, fut un jeune homme brillant mais dissipé : il aimait courir les filles, aller au cirque, faire la fête… Il faisait le désespoir de sa mère Monique qui, elle, était devenue chrétienne.
Augustin étudia les lettres et le droit. Il devint avocat et professeur de rhétorique. Sa carrière l’amena à Rome qui était la capitale de l’empire. De là, il fut appelé à Milan pour y enseigner.
C’est dans cette ville qu’il rencontra l’évêque Ambroise dont les sermons étaient réputés. Les deux hommes firent connaissance. Entre temps, la mère d’Augustin, Monique, rejoignit son fils à Milan. On était en l’an 386.
Le vitrail évoque une réplique fameuse de l’évêque Ambroise à Monique, qui se lamentait sur le paganisme de son fils. "Le fils de tant de larmes ne peut périr ! " lui dit-il. ( la phrase figure en banderolle au bas du vitrail). C’est à cette époque qu’Augustin finit par se convertir, après avoir lu les épîtres de Saint Paul.
Le vitrail réunit les personnages qui ont compté dans cette conversion de celui qui devint un grand, sinon le plus grand philosophe chrétien du 4ème siècle :
– l’évêque Ambroise, assis, en habit rouge avec sa crosse d’évêque ; il parait faire la leçon à Augustin.
– Augustin est debout, les bras croisés comme quelqu’un qui est en position de retrait, sinon de refus,
– Monique, sa mère, à genoux, les mains jointes, parait supplier l’évêque pour qu’il convertisse son fils…
Quant à la palme du martyre, elle semble planer sur la scène sans être attribuée précisément à un personnage. Peut-être pour Augustin qui mourut en 430 lors du siège de sa ville d’Hippone par les Vandales.
Vitrail de Saint Louis
Ce vitrail évoque le roi de France Louis IX qui règna de 1226 à 1270. Il n’avait que 12 ans lorsqu’il fut sacré roi à Reims. Sa mère Blanche de Castille était une mère très attentive et pieuse. Elle donna à son fils une excellente éducation, des principes moraux, et le sens du devoir juste et bon.
Louis IX fut un très bon roi, fort attentif au bien de ses sujets, réévaluant la monaie, surveillant officiers, prévôts et baillis pour faire respecter le droit et la justice. Il ne laissait pas faire les seigneurs qui voulaient se comporter en petits despotes. Il réforma la justice pour accroitre les droits des faibles et s’institua tribunal de cassation : il cassa plusieurs jugements injustes.
De plus, Louis IX était charitable et pieux, priant chaque jour et assistant fréquement à la messe.
Le peuple de France garda un excellent souvenir de ce bon roi. Il fut canonisé en 1297.
Jean de Joinville fut son principal biographe (Vie de Saint Louis) et l’un des principaux témoins lors de son procès de canonisation. C’est lui qui rapporta, par exemple, que Louis IX rendait la justice sous son chêne à Vincennes :
« Il advint maintes fois qu’en été, il allait s’asseoir au bois de Vincennes après sa messe, s’adossait à un chêne et nous faisait asseoir autour de lui. Et tous ceux qui avaient un problème venaient lui parler sans en être empêchés par un huissier ou quelqu’un d’autre. »
Vitrail de Saint Dominique
Que ce soit en retable , en vitrail, en statuaire ou en peinture, tout un patrimoine religieux fait état de l’antique tradition de Saint Dominique (1170-1221) recevant le saint Rosaire des mains de la Vierge Marie.
L’image rappelle l’immense dévotion du patriarche des Dominicains pour la Mère de Dieu. Il l’invoquait spontanément dans les périls du voyage. Il découvrait en songe qu’au Ciel tous les frères et sœurs de son Ordre naissant étaient cachés sous son manteau de reine. Il dédia même sa famille religieuse à sa protection particulière, d’où le fameux Salve Regina chanté tous les soirs à Complies.
Cet amour, il l’a transmis à ses "fils" qui, au fil des siècles, auront à cœur de répandre à l’occasion de leur prédication cette prière d’union au Christ par Marie : le Rosaire. La bataille de Lépante le 7 octobre 1571 verra la victoire des chrétiens sur l’envahisseur turc comme un haut-fait de Notre Dame du Rosaire. A partir de là tous les Papes demanderont aux fils de Saint Dominique de prêcher le Rosaire comme prière de l’Eglise.
Noter, en bas du vitrail le chien tenant dans sa gueule un bâton enflammé. Ce chien portant une torche vient selon la légende, d’un cauchemar que la mère de Saint Dominique fit alors qu’elle était enceinte de lui. Dans ce cauchemar elle enfantait d’un chien portant une torche qui embrasait le monde entier. Saint Dominique reprit donc cet emblème en disant qu’il serait ce chien qui embraserait le monde de la Vérité.
Vitrail du Sacré Cœur
La solennité du Sacré-Coeur a été instituée par Clément XIII en 1765 et étendue à toute l’Église catholique romaine en 1856. L’extension de cette dévotion dans l’Église catholique romaine à partir du 17e siècle provient d’une religieuse visitandine catholique, Marguerite-Marie Alacoque, qui a affirmé l’avoir reçue du Christ lors de différentes apparitions entre 1673 et 1675.
Le vitrail représente cette vision de Marie-Marguerite, qui fut canonisée par le Pape Benoit XV en 1920.
Vitrail de Jeanne d’Arc
Le vitrail représente la scène fameuse des "Voix" : Jeanne, a treize ans. Elle garde les troupeaux près de son village Domrémy. Elle affirme avoir entendu les voix célestes des saintes Catherine et Marguerite et de l’archange saint Michel lui demandant d’être pieuse, de libérer le royaume de France de l’envahisseur et de conduire le dauphin sur le trône. Après plusieurs années d’hésitations, de murissement, elle prend sa décision. A seize ans, elle se met en route…
Note biographique sur Jeanne d’Arc
Jeanne d’Arc, surnommée la Pucelle d’Orléans, est une figure emblématique de l’histoire de France. Au début du XVe siècle, elle mène victorieusement les troupes françaises contre les armées anglaises, levant le siège d’Orléans, conduisant le dauphin Charles au sacre à Reims et contribuant ainsi à inverser le cours de la guerre de Cent Ans.
Finalement capturée par les Bourguignons à Compiègne, elle est vendue aux Anglais par Jean de Luxembourg pour la somme de 10 000 livres, et condamnée au bûcher en 1431 après un procès en hérésie. Entaché de nombreuses et importantes irrégularités, ce procès est cassé par le pape Calixte III en 1456, et un second procès en réhabilitation conclut à son innocence et l’élève au rang de martyre. Elle est béatifiée en 1909 et canonisée en 1920. Elle est l’une des trois saintes patronnes de la France (avec sainte Thérèse de l’Enfant Jésus ; la Vierge Marie étant sainte patronne principale).
Vitrail de Bernadette Soubirous à Lourdes
Bernadette Soubirous est née en 1844 à Lourdes. De famille pauvre, elle est l’ainée des neufs enfants. Elle était de santé fragile, mais elle avait un charme et une grandeur d’âme très particulière, qui attiraient l’attention et elle avait une foi forte.
A l’âge de 14 ans, elle a la vision de la Vierge Marie à la petite grotte de Massabielle, renfoncement dans une paroi rocheuse le long du Gave de Pau, à proximité immédiate du bourg de Lourdes.
Dix-sept autres apparitions suivront, en présence de personnes de plus en plus nombreuses (qui n’ont pas la vision de Bernadette).
L’Église, d’abord réticente, reconnait les visions de Bernadette. Le fait que la jeune fille répète des mots dits par la Vierge qu’elle ne pouvait pas connaître eu égard à son manque d’instruction, fut un argument décisif.
Les foules se pressent depuis lors à Lourdes, et plus d’un malade du corps ou de l’âme venu prier la Vierge Marie est reparti guéri.
Quant à Bernadette, entrée en religion chez les soeurs de la Charité de Nevers, elle a été béatifiée le 14 juin 1925, puis canonisée le 8 décembre 1933 par le pape Pie XI.
Vitrail de Pierre Fourier
Ce vitrail, comme celui de Jeanne d’Arc, est typiquement lorrain en ce qu’il évoque un autre saint personnage remarquable de la région : Pierre Fourier. Saint Pierre Fourier, est né à Mirecourt en 1565 et mort à Gray en 1640.
Ordonné prêtre à Trèves en 1589, il devint le curé de Mattaincourt (Vosges) en 1597, paroisse où résidaient de nombreux foyers protestants et considéré par les autorités catholiques comme un village « déchristianisé ». Il y résidera pendant 20 ans, et il y fondera une confrérie du rosaire, une de Notre-Dame et une de saint Sébastien ; il y remettra en valeur le chant grégorien.
L’histoire se souvient de lui comme un homme d’ une grande piété, faisant montre d’un grand dévouement pour les pauvres. Il est vrai qu’il y avait de quoi faire : la Lorraine, qui n’était pas rattachée au royaume de France à cette époque, avait beaucoup souffert de la peste, et la guerre menaçait. Pour éviter à ses paroissiens d’avoir à emprunter de l’argent aux usuriers, il crée une caisse mutuelle : la bourse Saint-Evre.
Le vitrail le montre au milieu de ses paroissiens, en plein champ, car il était très proche des gens et de leurs préoccupations.
Pour satisfaire au besoin d’instruction des filles, il crée avec la romarimontaine Alix Le Clerc, la Congrégation Notre-Dame (appelée parfois également la congrégation Saint-Augustin) qui se destine à l’éducation gratuite des filles. La première école ouvrira non loin de Mattaincourt, à Poussay, où se tenait un chapitre de dame Noble, en 1598.
Il a été béatifié le 29 janvier 1730 par le pape Benoît XIII et canonisé le 27 mai 1847 par le pape Léon XIII.
Vitrail du Christ glorieux
Ce vitrail est situé dans le chœur de l’église. Dans la partie inférieure du vitrail, une banderolle rapelle le message de Jésus-Christ aux apôtres après sa résurection : "Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde". Voici le texte (fin de l’Évangile selon Saint Mathieu)
"Les onze disciples s’en allèrent en Galilée, à la montagne où Jésus leur avait ordonné de se rendre.
Quand ils le virent, ils se prosternèrent, mais certains eurent des doutes.
Jésus s’approcha d’eux et leur adressa ces paroles : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre.
Allez donc ! De toutes les nations faites des disciples, baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit ;
et apprenez-leur à garder tous les commandements que je vous ai donnés. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » (Mat ch 28)
Vitrail de la Vierge Marie
Représentation classique de la Vierge Marie, mère de Jésus.
On notera sous ses pieds le serpent qu’elle écrase. Ce serpent figure le péché : Marie le domine, elle est conçue sans péché. C’est le dogme de l’immaculée conception. Ce dogme a été défini en 1854 par le Pape Pie IX.
(*) immaculée = sans tache, sans la souillure du péché
Le dogme signifie que Marie, mère de Jésus-Christ, fut conçue exempte du péché originel.
Le dogme de l’immaculée conception n’est pas directement lié à la conception virginale de Jésus, c’est-à-dire la croyance en le fait que Jésus soit né d’une mère vierge. Néanmoins, les deux idées ne sont pas totalement étrangères l’une à l’autre.
L’Immaculée Conception se fête le 8 décembre, date supposée de la conception de Marie, depuis 1477, par décision du Pape Sixte IV. La fête a été confirmée par Clément XI en 1708. Elle est à l’origine de la Fête des lumières, célébrée chaque année à Lyon le 8 décembre.